Joe DaGrosa au Figaro : « Dans vingt ans, Bordeaux vaudra beaucoup plus d’argent »
Par Guillaume Loisy
Le Figaro : Vous débutez votre première saison complète comme propriétaire des Girondins de Bordeaux. Quel objectif avez-vous fixé à votre entraîneur, Paulo Sousa ?
Joe DaGrosa : La saison dernière, notre priorité était de trouver le bon entraîneur. Nous recherchions à la fois un leader technique et une figure paternelle pour nos jeunes joueurs. Paulo Sousa avait le meilleur profil. Il a déjà fait un travail remarquable depuis son arrivée, en mars dernier, dans un contexte difficile. Je suis persuadé qu’il est l’homme de la situation. Nous travaillons activement sur le mercato pour nous renforcer (Laurent Koscielny s’est engagé pour trois ans mardi, NDLR). Pour cette saison, une place dans le top 10 de la Ligue 1 me semble être un objectif raisonnable car nous sommes encore en phase de construction. Bien sûr, nous viserons plus haut par la suite.
Quelles sont vos ambitions ?
Je suis venu ici pour gagner. Je veux faire des Girondins un club de classe mondiale dans les dix années à venir. J’ai été moqué pour avoir dit, avant même le rachat du club, que je souhaitais rivaliser avec le PSG. Mais j’y crois. D’ailleurs, nous avions mis fin à leur série de victoires en Ligue 1 (14) peu de temps après le rachat (2-2, en décembre 2018). Ce n’est pas impossible de battre le PSG ! Je veux voir Bordeaux, un club historique de la Ligue 1, gagner à nouveau des titres et rejouer la Ligue des champions. C’est l’objectif. Tout est une question d’état d’esprit. Il faut l’insuffler au club, à tous les niveaux.
C’est aussi une question d’argent. Bordeaux peut-il rivaliser avec ses 80 M€ d’investissement annoncés sur plusieurs saisons ?
Le PSG dépense sans compter pour atteindre ses objectifs. Nous ne pouvons pas évoluer dans les mêmes sphères, mais il y a d’autres moyens d’y arriver. Monaco fait du très bon travail en achetant des joueurs à fort potentiel et en les revendant très cher. Leur balance ventes-achats de joueurs est positive. Ce que réussit Lille m’impressionne aussi. Notre modèle se situe un peu entre les deux. Développer notre centre de formation est une priorité. Il y a plus de 1 000 clubs amateurs en Nouvelle-Aquitaine. La détection des talents de la région est la clé.
«Tout le monde connaît Bordeaux. C’est une marque mondiale. Racheter ce club est un très bon investissement»
Le trading joueurs est indispensable pour survivre en Ligue 1 aujourd’hui ?
Les clubs de Ligue 1 vendent leurs joueurs pour réduire ou combler leur déficit. Mais pour que notre championnat soit compétitif au niveau européen, on ne peut pas se permettre de vendre tous nos meilleurs joueurs. C’est un équilibre à trouver. L’augmentation des droits TV et le développement de nos revenus à l’international seront cruciaux pour nous permettre d’être moins dépendants de la vente des joueurs. C’est un travail collectif de tous les clubs avec la Ligue. Les tournées estivales aux États-Unis ou en Asie vont dans ce sens. Nous venons de recruter Hwang Ui-jo, un attaquant sud-coréen. C’est avant tout un très bon joueur, mais il nous permet aussi d’atteindre une partie du monde que nous n’avons pas l’habitude de toucher.
Malgré un modèle économique fragile, acheter un club de Ligue 1 reste un bon investissement, vu des États-Unis ?
Le sport professionnel en général est un bon investissement. Mais aujourd’hui, le football est le sport au plus fort potentiel de développement car il est le plus populaire au monde. Nous avons regardé ce que nous pouvions faire en Liga, en Premier League et même en MLS (championnat américain). Nous n’avons pas trouvé une meilleure combinaison que la Ligue 1 et les Girondins de Bordeaux.
Pourquoi ?
Pour 100 millions d’euros, nous avons acheté un club historique avec de très belles infrastructures dans une ville et une région connues dans le monde entier, à travers le vin. Je reviens d’un voyage en Chine. Là-bas, tout le monde connaît Bordeaux. C’est une marque mondiale. Pour moi, racheter ce club est un très bon investissement, même si les années nous diront si le prix était le bon. Quand George Steinbrenner avait racheté les New York Yankees contre 10 millions de dollars en 1973, certains lui avaient reproché d’avoir surpayé de 2 millions la franchise. Quarante-cinq ans plus tard, les Yankees valent 4 milliards de dollars. Je pense que le football va connaître ce genre de croissance. Il y a de plus en plus d’investisseurs pour un nombre de clubs qui, lui, reste constant. Dans vingt ans, s’ils sont bien gérés, ces clubs vaudront beaucoup plus d’argent.
«Je me suis pris de passion pour ce club, et je veux le voir réussir»
Des supporteurs bordelais se sont opposés à votre arrivée au club en émettant des doutes sur votre capacité financière et vos motivations…
Les fans ont besoin d’être rassurés, je le comprends. Ma venue à Bordeaux va au-delà du simple investissement financier. Je dirige de nombreux business aux États-Unis, mais je consacre beaucoup plus de temps aux Girondins qu’à mes autres activités ces derniers mois. C’est même totalement disproportionné ! J’ai acheté un appartement à Bordeaux et je compte assister au moins à la moitié des matchs disputés à domicile cette saison. Je suis tombé amoureux du Haillan (siège et centre d’entraînement du club), j’adore rencontrer les fans et discuter avec eux. Pour moi, nous faisons partie de la même communauté. Je me suis pris de passion pour ce club, et je veux le voir réussir.
Avec 21.183 spectateurs (pour une capacité de 41.458 places), le Matmut Atlantique affichait l’un des taux de remplissage les plus faibles de la Ligue 1 la saison dernière. Pourquoi selon vous ?
C’est un très beau stade, tout neuf (inauguré en 2015), mais sa localisation pose problème en comparaison avec l’ancienne enceinte (Chaban-Delmas), qui, elle, était en centre-ville. Je n’y ressens pas non plus l’âme du club. Nous avons besoin d’y faire rentrer l’esprit des Girondins, notamment en sollicitant nos anciennes gloires et en nous appuyant encore davantage sur les Ultras, qui font un travail magnifique en tribune. J’adore les regarder. Sans eux, l’ambiance dans le stade serait horrible… Le développement du stade est clairement l’une de nos priorités. Mais son mode de fonctionnement est très complexe (partenariat public-privé). Churchill disait à propos de la Russie : « Ce pays est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme. » Le Matmut Atlantique m’a fait le même effet en arrivant à Bordeaux. Mais nous travaillons avec la Mairie à améliorer les choses.
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Source :
Le Figaro
Il y a des bonnes pistes comme miser sur le centre de formation pour augmenter tes revenus (Façon Lille et Monaco) mais ce modèle connaît ses limites pour grandir. On l’a encore vu avec la mauvaise saison de Monaco, mais leur problème, c’est qu’ils n’ont pas d’autres alternatives pour exister, contrairement à Lille (Qui est dans un modèle économique qui s’annoncera désastreux).
Bon sinon, il s’enflamme pas mal quand il dit qu’il veut faire de Bordeaux, un club de classe mondiale

Gagner des titres, rejouer la Ligue des Champions, c’est bien mignon, mais quel modèle économique il propose concrètement ? Hormis un « OM Champions Project » bis tout pourri
Seulement 80 millions d’euros sur plusieurs saisons, ça ressemble vraiment au projet McCourt à Marseille... Et encore McCourt met 200 millions d’euros en 4 ans, possède un club avec une plus grande popularité (Donc qui génère plus de revenus merchandising) malgré des résultats sportifs inexistants et une gestion du stade qui a été intégré au club.
Compter sur l’augmentation des droits TV est une connerie qui ne fait pas avancer le problème puisque tout les clubs auront cette augmentation des droits TV, sans parler des championnats étrangers ou les droits TV augmentent plus vite qu’en France... Donc sur la scène européenne, son club sera encore moins competitif... Et pour les revenus des droits TV à l’international, il peut attendre longtemps, vu comme la Ligue 1 n’arrive pas à se vendre...
Et le type commence à se rendre compte que le Matmut Atlantique est une belle épine dans son pied

Bienvenue en France ! Par contre, il ne s’inquiète pas de la situation déficitaire de ce dernier ? Ni de l’affluence ? Il devrait !

Sachant que les Girondins devront continuer de s’acquitter du loyer de 3,8 millions d’euros/an, sans pouvoir avoir la mainmise sur l’équipement et diversifier leurs revenus (Naming, événements, etc) car la ville de Bordeaux ne veut pas entendre parler d’un changement de gestion.
Ça sent l’investisseur qui vient juste faire une culbute comme les chinois/américains à Nice, surtout que GACP, c’est un fonds d’investissement, ils sont donc là pour faire fructifier leur actif, donc ça va essayer de faire des coups avec la vente de joueurs, toucher lés nouveaux droits TV. S’il fait avancer quelques dossiers dans le club des Girondins (Optimisation et reprise de la gestion du stade par exemple mais ça semble mal engagé), pourquoi pas, mais avec ses 80 millions d’euros, il n’ira pas loin.